Par Daphné Laurier Montpetit
Coordonatrice du projet Mission monarque
… mais tous les papillons orange ne sont pas des monarques !
En cet été où les monarques se font attendre, on est souvent impatient de détecter un papillon orange et noir. Il faut cependant rester vigilent et garder un œil critique, car certaines espèces de lépidoptères affichent des couleurs et patrons pouvant berner les meilleurs observateurs.
Des couleurs qui en disent long
Pour les espèces sauvages pouvant servir de proie (comme les insectes) il est souvent avantageux d’afficher des couleurs ternes pouvant se confondre avec l’habitat. Pourtant, avec ses éclatantes ailes orangées, le monarque ne se fait pas expert du camouflage. Même la chenille sait se faire remarquer avec ses bandes noires, jaunes et blanches.
Avec ces couleurs, le monarque envoie un tout autre signal : celui de la toxicité. Les toxines présentes dans les tissus de l’asclépiade, la plante dont se nourrit la chenille du monarque, sont accumulées dans le corps de l’insecte et lui donnent mauvais goût. Les ailes orange de ce grand papillon indiquent donc aux prédateurs d’éviter de le croquer !
Des airs de famille
On reconnaît généralement le monarque à sa couleur orange et à ses nervures noires. Pourtant, ces seules qualifications ne suffisent pas à identifier le célèbre migrateur. D’autres espèces de papillon, parfois très communes, présentent des attributs semblables.
La liste des papillons aux couleurs orangées, au Canada, est assez longue. Les groupes des argynnes, vanesses, bolorias et damiers peuvent donner du fil à retordre si on les voit passer rapidement, par exemple. Les porte-queues, quant à eux, arborent les belles nervures noires associées au monarque, bien que leurs ailes tirent généralement sur le jaune.
Le plus grand imitateur demeure toutefois le vice-roi, un papillon présent du centre à l’est du Canada. À première vue, il ressemble en tout point au monarque. Aurait-il évolué pour ressembler au monarque, au fil du temps, afin de profiter de l’avertissement toxique de ce dernier ? Ou bien aurait-il développé les mêmes trucs, étant lui aussi toxique ?
Peu importe l’explication derrière cette ressemblance, il est assez simple de différencier les deux sosies. D’abord, la taille diffère entre les deux espèces. Alors que le monarque figure parmi les plus grands papillons diurnes du Canada, du haut de ses 10cm d’envergure, le vice-roi ne dépasse guère les 7 cm. Si un « monarque » semble petit, il s’agit possiblement d’un vice-roi. Ensuite, contrairement au monarque, le vice-roi affiche une nervure supplémentaire sur chacune de ses ailes postérieures, perpendiculaire aux autres nervures. Cette ligne noire qui traverse les autres est facilement repérable, si on arrive à jeter un œil d’assez près au papillon.
Une fiche est dédiée aux espèces de papillons à ne pars confondre avec le monarque. Consultez-la pour vous familiariser avec les papillons orange du Canada. Oh et, pendant que vous y êtes, pourquoi ne pas rapporter ces observations sur iPapillon ?
Bonne mission !
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