Selon la dernière évaluation, la population du monarque de l’Est a diminué de près de 15% par rapport à l’année dernière. Ce constat préoccupant montre qu’il reste encore du travail à faire pour comprendre et protéger le monarque migrateur, qui est en voie de disparition.
Par André-Philippe Drapeau Picard
Coordonnateur de Mission monarque
Depuis un pic historique en 1997, la population de monarque de l’Est a diminué de 80%. Cette tendance, particulièrement observée sur les sites d’hivernage au Mexique, a alarmé les groupes environnementaux et les gouvernements des pays d’Amérique du Nord. Au Canada, le papillon a été désigné «espèce préoccupante» en 1997, puis «espèce en voie de disparition» en 2016. L’hiver 2013-2014 a été l’année la plus basse en terme de superficie, les monarques couvrant seulement 0,67 hectare. Cette année, les papillons ont occupé 2,48 ha, ce qui constitue la plus petite superficie en trois ans.
Quel est le problème?
Les chiffres publiés aujourd’hui sont préoccupants. L’été dernier, les monarques étaient relativement abondants; on s’attendait donc à voir cette abondance se refléter sur la taille des populations au Mexique. Ceci laisse croire que le problème soit pendant la migration. Est-ce que la migration tardive de plusieurs monarques leur aurait nuit à ce point? Est-ce la conséquence d’événements météorologiques extrêmes sur le trajet? Il est trop tôt pour l’affirmer.
De façon générale, le déclin du monarque est attribué à plusieurs causes : pesticides, déclin de sa plante hôte l’asclépiade, coupes forestières, changements climatiques… Comme le papillon voyage sur de grandes distances en traversant des paysages très variés, il rencontre des obstacles de natures différentes. Cela représente un vrai casse-tête pour les chercheurs et les décideurs, qui doivent placer toutes les pièces ensemble pour arriver à mettre en place un plan de conservation efficace.
Une chose est sûre, c’est que les populations de monarque migrateur sont en déclin et que l’avenir de la migration du monarque n’est pas garanti. Des chercheurs ont récemment calculé que le risque de quasi-extinction de la population de l’Est s’élève à près de 60% sur un horizon de 20 ans, selon le pire des scénarios. Pour éviter cette situation, on vise une superficie de 6 ha dans les sites d’hivernage mexicains, soit plus du double de cette année.
Encore du travail
Ces chiffres montrent qu’il reste du travail pour comprendre et protéger le monarque. Pour y arriver, il faut continuer à faire des recherches et à protéger les habitats du monarque. C’est en affinant notre compréhension de la biologie du monarque et des facteurs qui influencent sa survie qu’il sera possible de lui conférer une protection efficace.
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